Espagne #3 : Les 3 visages d’Almeria

Nous voici donc à Almería, capitale de la Province d’Almeria en Andalousie.

Il était important pour nous de s’y arrêter car tout d’abord, les origines d’Anaïs sont ici,
Nous avions très envie de visiter cette ville car nous avons beaucoup entendu parler de la « mer » de plastique d’Almeria, nous avons donc mené l’enquête..

Pour notre premier jour, nous avons garé le camion sur le parking du Port, parking sécurisé mais sacrément bruyant entre les navires de l’armée, et les annonces de la tour de contrôle juste à coté (à 6,55€ les 24h ça reste imbattable).
Après avoir installé le camion pour passer la nuit, préparé les animaux et sorti les vélos, nous étions prêt à faire le tour de la ville. Bon, c’est en réalité une très grande ville, on a pas du tout fait le tour, mais on s’est quand même bien promené sur tout le premier quart de la ville qui longe le port et la mer.

Alméria, une ville riche

Dans cette ville, il y a de grandes rues centrales, avec beaucoup, beaucoup de commerçants, de bars, de restaurants. De grandes places aussi, sur laquelle nous nous sommes arrêté siroter un p’tit jus.

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Énormément de restaurants sont installés le long de la plage, beaucoup de magasins aussi.

Il y a un très belle forteresse, qui surplombe toute la ville : l’Alcazaba. En 955, Almería gagne le statut de médina (ville) grâce au calife Abd al-Rahman III avec la construction de la citadelle défensive, située dans le secteur haut de la ville. Dotée de murailles et de tours mais aussi de squares, de maisons et d’une mosquée, la Alcazaba est également destinée à accueillir le siège du gouvernement local, commandant la ville et la mer toute proche.

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L’entrée est gratuite, on monte beaucoup de marches avant d’arriver tout en haut, et voici ce qu’on y trouve :

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Les ruelles sont petites et étroites, il y a beaucoup de petites maisons individuelles, un peu les unes sur les autres. A cette période, c’est plutôt agréable de s’y balader, mais en plein été, ça doit l’être un peu moins…(Quoi-que l’étroitesse des rues doit maintenir la ville au frais !)

Sans vous conter toute l’histoire d’Almeria, l’empreinte arabe est tout de même pas mal présente dans cette ville. En sillonnant les ruelles, nous sommes tombé sur une restaurant, géré par une dame parlant très bien le Français, dans lequel nous avons savouré le fameux thé à la menthe accompagné de ses fabuleux petits gâteaux…

 

La richesse voisine de la misère :

Le soir venu, nous avons décidé de sortir manger dehors. Nous voilà perdu dans les rues de la ville, petit à petit on découvre une autre facette, loin des belles images de station balnéaire.

On marche dans des rues désertes, des parkings pleins de déchets, des murs graffés dans tous les sens, c’est une autre ville qu’on découvre, mais comme souvent dans les grandes villes les quartiers sont bien inégaux entre eux.

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C’est en réalité ce qui assez frappant dans cet endroit : on se promène sur le bord de mer, plein de bars et de restaurants, et à la première impasse à droite, des HLM, des endroits délabrés et sales. C’est aussi ça Alméria.

« El mar de plastico »

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La culture sous serre est grandement développée dans la région d’Almería puisque plus de 40 000 hectares de terres sont recouvertes par ce que les espagnols appellent des « invernaderos« . Cette étendu de bâche plastique est si immense qu’elle en est visible depuis le ciel par satellite. De cette culture sous serre résulte la plus grande production de légumes pour les pays d’Europe du Nord en saison hivernale. La production en légumes dans ces serres est de 3 millions de tonnes par an.

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Situées sur un site originellement aride et impropre à la culture, ces serres sont à l’origine de nombreux débats dans la société espagnole aujourd’hui. Tout d’abord sur le plan écologique, les serres posent de gros problèmes principalement pour trois raisons:

– La rareté de l’eau dans les nappes phréatiques de la région obligent les agriculteurs à importer 80 % de l’eau qu’ils utilisent.

– L’utilisation de pesticides pour protéger les plantes et les engrais pour fortifier les sols et les enrichir sont extrêmement néfastes pour l’environnement et pour les humains qui les utilisent à longueur de journée.

– Les déchets plastiques produits sont énormes et une partie finit dans l’environnement qui est à 2 pas de la mer.

– Et enfin.. peut-être le pire de tout, la dégradation naturel du plastique en nano-particules qui pollue : sol, terre, mer et tout les organismes qui y vivent et dont on ne connait pas encore leurs effets, risque dans quelques décennie de devenir une véritable catastrophe !

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Sur un plan économique, ces serres semblent parfaites puisqu’elles permettent à l’Espagne d’exporter un grand nombre de produits et emploient beaucoup de monde. Néanmoins, 80 000 des employés sont des immigrés et parmi eux se trouvent plus de 40 000 clandestins. La plupart de ces travailleurs vivent dans des bidonvilles insalubres.

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Des serres voisines à celles-ci se trouvent dans la région de Huelva: plus de 7500 hectares de serres en plastique sont spécialisées dans la production de fraises.

C’est assez difficile de prendre des photos qui montrent réellement l’étendu des serres, alors voici un bref aperçu d’une capture d’écran sur MAPS :

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Ou encore en vision satellite :

Résultat de recherche d'images pour "photo satellite serres andalousie"

Les mots nous manquent lorsqu’on est face à ce genre d’images et on se pose vraiment la question sur nos habitudes de consommation..

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En continuant notre route, même dans les montagnes, la moindre parcelle de libre sert à installer des serres :

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Nous quittons cet endroit, avec un sentiment étrange, avec le sentiment que l’homme à préféré sacrifier des milliers d’hectares naturels pour satisfaire nos caprices culinaires.
Et cela sans compter le va-et-vient incessant de camion poids lourd pour exporter les marchandises..

Nous savons à présent ce qu’il en coûte de ne pas manger de fruits et légumes de saison !

Après cette visite il est temps pour nous de rouler encore vers un autre air..
Direction les champs d’Oliviers et une ville … « utopique ».

Hasta luego!

NanJu.

 

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