Espagne #4 :  » Una utopía hacia la paz ! »

Les routes sont magnifiques, à droite comme à gauche, des champs d’oliviers à perte de vue. Nous entrons dans une rue garnie d’orangers (comme énormément de ville espagnols), des fresques et peinture colorées symbolisant la paix et la liberté ornent les murs, il semblerait que nous arrivons à Marinaleda.

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La première fois que Julien a entendu parler de Marinaleda, c’était dans un petit documentaire qui racontait l’histoire de la transformation de cette ville et de ces habitants : voici le lien du docu.

Pour la petite histoire, il faut remonter quelques années en arrière. Marinaleda doit en grande partie son destin à un homme : Juan Manuel Sánchez Gordillo, élu maire en 1979 et régulièrement réélu depuis.

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Ce militant, convaincu depuis toujours que le capitalisme n’est pas une fatalité, a tout d’abord mené le combat contre le plus grand propriétaire terrien de la région : le duc de l’infantado. Cette lutte, marquée par des années de grèves et d’occupations de fermes, a fini par porter ses fruits : le village a pu récupérer des terres, améliorer leur irrigation et créer une grande coopérative impliquant tous les travailleurs de Marinaleda. 

A Marinaleda, toutes les décisions du village sont soumises à la démocratie directe (la véritable démocratie). Autrement dit, pour être adoptées, chacune d’entre elles doit faire l’unanimité au sein de la commune. Qu’il s’agisse d’impôts, d’équipements, d’emploi… Du coup, des centaines d’assemblées sont organisées chaque année.

La plupart des habitants travaillant pour la coopérative, le chômage est quasi-inexistant.

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Si l’on ajoute à cela le temps que chacun passe à s’investir dans la vie de la cité, il ne reste plus guère de créneaux horaires à consacrer aux incivilités… Résultat : Marinaleda est l’une des villes les plus sûres du pays. Elle peut même se passer de police locale !

Nous cherchons donc une jolie place pour y passer la nuit et découvrir cette ville qui, finalement, ressemble à n’importe quelle autre ville dans la forme 😉

On trouve une grande place, sur laquelle a eu lieu un marché quelques heures auparavant… une petite manœuvre pour bien se garer et …

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…. BIM ! Un poteau semble s’être mis en travers de notre chemin !! Bon, on respire un bon coup, mais on sent la panique qui commence à nous gagner et la peur de voir la voyage se terminer..déjà…
Des habitants viennent nous voir, on essaye de se comprendre puis ils nous filent un coup de main pour sortir le camion du poteau… On reste tout de même impressionnés quand on voit comment le par-choc s’est plié… L’un deux nous explique qu’il y a un garagiste pas loin, il nous emmène, nous propose même à manger !

En attendant l’ouverture du garagiste, on fait le tour des dégâts et heureusement, aucun organe moteur ou châssis d’abimé ! Quelle chance !! Puis un père de famille vient aussi nous voir (on devait faire de la peine…) pour nous aider aussi. Il appelle même sa fille qui parle un peu anglais afin qu’on se comprenne mieux. Il nous emmène également au garage pour expliquer ce qu’il s’est passé…
On sent tout de suite que les habitants sont bienveillants et chaleureux, ça fait vraiment du bien !! Le garagiste nous change gratuitement l’ampoule du clignotant et rafistole le tout entre deux réparations pour qu’on puisse rouler jusqu’au seul et unique carrossier du village voisin…
Arrivé devant le fameux carrossier, ce dernier nous explique qu’il est débordé de boulot et qu’il ne peut pas nous aider, il nous montre sur la carte une immense casse auto à environ 30 bornes d’ici ou peut-être qu’il y aurait les pièces de rechange à savoir : l’aile, le par-choc et le phare.
C’est parti !

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Par chance, plusieurs Iveco daily trainaient dans la casse, on récupère donc une aile, un phare, ainsi qu’un par-choc pour la modique somme de 80€ ! On pensait payé au moins 200 euros pour les 3 pièces…
La fin de journée et le soleil se couchant nous décidons de dormir devant la casse au cas-où on ai besoin de quelque chose le lendemain.
A ce moment précis on comprend que personne d’autre que nous ira remonter les pièces à notre place et que soit on le fait nous même soit on continue à démarcher les carrossier/garage qui ne court pas les rues en Andalousie, au risque de mettre en suspend notre voyage pendant trop longtemps.


23h arrive, nous ne dormons toujours pas et on se dit « bon, pourquoi on s’y mettrait pas maintenant ? » Effectivement, on était dans une grande zone industrielle complètement déserte, avec une station essence juste à côté, éclairée toute la nuit : l’endroit parfait pour tout démonter et tout remonter non ?!
Aller, go !

 Après environ 3h de taff, voici le résultat :

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Camion tout neuf, prêt à reprendre la route !! Et un Juju bien fatigué, prêt à prendre une bonne douche !

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Nous sommes finalement retourné à Marinaleda, déçu de ne pas avoir sillonner les rues à la découverte de cette ville si particulière mais tellement soulagés de voir notre camion comme si rien ne s’était passé..

Après une nuit paisible sur le même parking où l’on s’est crashé la veille, on enfile nos shoes, on admire encore une fois l’aile du camion, et on file visiter 🙂

En réalité, ce qui est assez surprenant, c’est qu’on dirait vraiment une ville tout à fait normale, des maisons (qui se ressemblent, certes), des cafés, des bars, un grand parc. Rien de très inhabituel. Puis en marchant un peu, outre les murs très colorés, on constate aussi qu’ils sont recouverts de divers chef d’œuvre des habitants, ça vaut le coup d’œil. On vous laisse admirer tout ça …

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« La jeunesse andalouse contre le capitalisme. Souveraineté socialisme »

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 » Chemin de l’Utopie « 

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 » Éteint la TV, allume ton esprit « 
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 » Contre le capital, guerre sociale « 

Tous ces messages démontrent clairement la lutte contre laquelle s’est engagée cette ville, et ça fait chaud au cœur de voir tout ça sur les murs de la ville. Sa devise est « Una utopía hacia la paz » : Une utopie vers la paix.

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Nous aurions aimé rencontrer plus de locaux, leurs poser des questions sur leur mode de vie etc, mais malheureusement à cette époque, peu de monde dans les rues, et la barrière de la langue qui nous a empêché aussi d’entrer en contact.

Dans tous les cas, cette ville est un réel espoir pour une société meilleure, et nous prouve qu’un autre monde est possible…

JuNan

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